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ELECTRE
TRAGÉDIE

ACTE PREMIER


Scène PREMIÈRE

Électre

Témoin du crime affreux que pourſuit ma vengeance,
Ô nuit, dont tant de fois j’ai troublé le ſilence,
Inſensible témoin de mes vives douleurs,
Électre ne vient plus te confier des pleurs :
Son cœur, las de nourrir un déſespoir timide,
Se livre enfin ſans crainte au tranſport qui le guide.
Favoriſez, grands dieux, un ſi juſte courroux ;
Électre vous implore, & s’abandonne à vous.
Pour punir les forfaits d’une race funeſte,
J’ai compté trop longtemps ſur le retour d’Oreſte :