Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/201

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Immoler avec lui l’amant qui nous outrage :
C’eſt là le moindre effort digne de mon courage.
Je le dois… D’où vient donc que je ne le fais pas ?
40Ah ! Si c’était l’amour qui me retînt le bras !
Pardonne, Agamemnon ; pardonne, ombre trop chère :
Mon creur n’a point brûlé d’une flamme adultère ;
Ta fille, de concert avec tes aſſassins,
N’a point porté ſur toi de parricides mains ;
45J’ai tout fait pour venger ta perte déplorable.
Électre cependant n’en eſt pas moins coupable :
Le vertueux Itys, à travers ma douleur,
N’en a pas moins trouvé le chemin de mou cœur.
Mais Arcas ne vient point ! Fidèle en apparence,
50Trahit-il en ſecret le ſoin de ma vengeance ?



S C È N E   II.
Électre, Arcas.
É L E C T R E.

Il vient ; raſſurons-nous.

À Arcas.

Il vient ; raſſurons-nous.Pleine d’un juſte effroi,
Je me plaignais déjà qu’on me manquait de foi ;
Je craignais qu’un ami qui pour moi s’intéreſſe
N’uſât plus… Mais quoi ! Seul ?

A R C A S.

N’uſât plus… Mais quoi ! Seul ?Malheureuſe princeſſe,