Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/235

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T Y D É E.

Mes pleurs. Mais, au tranſport dont votre âme eſt épriſe,
Je me repens déjà de vous l’avoir appriſe.
715Vous voulez de ſon ſort en vain vous éclaircir ;
II me fait trop d’horreur, à vous trop de plaiſir ;
Je ne reſſens que trop ſa perte déplorable,
Sans m’impoſer encore un récit qui m’accable.

É G I S T H E.

Je ne vous preſſe plus, Seigneur, ſur ce récit.
720Oreſte ne vit plus ; ſon trépas me ſuffit :
Votre pitié pour lui n’a rien dont je m’offenſe ;
Et quand le ciel ſans vous a rempli ma vengeance,
Puiſque c’eſt vous du moins qui me l’avez appris,
Je crois vous en devoir toujours le même prix.
725Je vous l’offre, acceptez-le ; aimons-nous l’un & l’autre ;
Vous fîtes mon bonheur, je veux faire le vôtre.
Sur le trône d’Argos déſormais affermi,
Qu’Égiſthe en vous, Seigneur, trouve un gendre, un ami :
Si ſur ce choix votre âme eſt encore incertaine,
730Je vous laiſſe y penſer, & je cours chez la reine.

T Y D É E à part.

Et moi, de toutes parts de remords combattu,
Je vais ſur mon amour conſulter ma vertu.