Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne le verrai plus ! Inexorables dieux,
D’une éternelle nuit couvrez mes triſtes yeux.

T Y D É E.

Je ſens qu’à votre ſort la pitié m’intéreſſe.
Ne pourrai-je ſavoir quelle douleur vous preſſe ?

É L E C T R E.

775Hélas ! Qui ne connaît mon nom & mes malheurs ?
Et qui peut ignorer le ſujet de mes pleurs ?
Un déſespoir affreux eſt tout ce qui me reſte.
Ô déplorable ſang ! Ô Malheureux Oreſte !

T Y D É E.

Ah ! Juſte ciel quel nom avez-vous prononcé !
780À vos pleurs, à ce nom, que mon cœur eſt preſſé !
Qu’il porte à ma pitié de ſensibles atteintes !
Ah ! Je vous reconnais à de ſi tendres plaintes.
Malheureuſe princeſſe, eſt-ce vous que je vois ?
Électre, en quel état vous offrez-vous à moi ?

É L E C T R E.

785Et qui donc s’attendrit pour une infortunée,
À la fureur d’Égiſthe, aux fers abandonnée ?
Mais Oreſte, Seigneur, vous était-il connu ?
À mes pleurs, à ſon nom, votre cœur s’eſt ému.