Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/240

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II n’eût point fait rougir les mânes de ſon père ;
810II n’aurait point trahi l’amitié de mon frère,
Ma vengeance, mes pleurs, ni le ſang dont il ſort.
Si vous étiez Tydée, Égiſthe ſerait mort :
Bien loin de conſentir à l’hymen de ſa fille,
Il eût de ce tyran immolé la famille.
815De Tydée, il eſt vrai, vous avez la valeur ;
Mais vous n’en avez pas la vertu ni le cœur.

T Y D É E.

À mes remords du moins faites grace, Madame.
Il eſt vrai, j’ai brûlé d’une coupable flamme ;
II n’eſt point de devoirs plus ſacrés que les miens :
820Mais l’amour connaît-il d’autres droits que les ſiens ?
Ne me reprochez point le feu qui me dévore,
Ni tout ce que mon bras a fait dans Épidaure :
J’ai dû tout immoler à votre inimitié ;
Mais que ne peut l’amour ? Que ne peut l’amitié ?
825Itys allait périr, je lui devais la vie ;
Sa mort bientôt d’une autre aurait été ſuivie.
L’amour & la pitié confondirent mes coups ;
Tydée en ce moment crut combattre pour vous.
D’ailleurs, à la fureur de Corinthe & d’Athènes
830Pouvois-je abandonner le trône de Mycènes ?

É L E C T R E.

Juſte ciel ! Et pour qui l’avez-vous conſervé ?