Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/247

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955Trop heureux déſormais ſi le ſort moins jaloux
M’eût rendu tout entier mon eſpoir le plus doux !
Mais, hélas ! Que le ciel, qui vers vous me renvoie,
Mêle dans ce moment d’amertume à ma joie !
D’un fils que j’admirais que mon fils eſt changé !
960Tydée, Oreſte eſt mort : Oreſte eſt-il vengé ?
Depuis quel temps, ſi près de l’objet de ma haine,
Arrêtez-vous vos pas à la cour de Mycène ?
Arcas ne m’a point dit que vous fuſſiez ici :
Mon fils, d’où vient qu’Arcas n’en eſt point éclairci ?
965Pourquoi ne le point voir ? Vous connoiſſez ſon zèle ;
Deviez-vous vous cacher à cet ami fidèle ?
Parlez enfin, quel ſoin vous retient en des lieux
Où vous n’oſez punir un tyran odieux ?

T Y D É E.

Prévenu des malheurs d’une tête ſi chère,
970Ma première vengeance était due à mon père…
Mais, ſeigneur, n’eſt-ce point dans ces funeſtes lieux
Trop expoſer des jours qu’ont reſpectés les dieux ?
N’eſt-ce point trop compter ſur une longue abſence,
Que d’oſer s’y montrer avec tant d’aſſurance ?

P A L A M È D E.

975Mon fils, j’ai tout prévu ; calmez ce vain effroi :
C’eſt à mes ennemis à trembler, non à moi.