Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/257

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Votre indigne ennemi va tomber ſous nos coups.
Savez-vous quel héros vient à votre défenſe,
Quelle main avec nous frappe d’intelligence ?
1155Le ciel à vos amis vient de joindre un vengeur
Que nous n’attendions plus.

É L E C T R E.

Que nous n’attendions plus.Et quel eſt il, ſeigneur ?
Que dis-je ? Puis-je encor méconnaître mon frère ?
N’en doutons plus, c’eſt lui.

O R E S T E.

N’en doutons plus, c’eſt lui.Madame, c’eſt mon père.

É L E C T R E lit.

Votre père, Seigneur ! Et d’où vient qu’aujourd’hui
1160Oreſte a mon ſecours ne vient point avec lui ?
Peut-il abandonner une triſte princeſſe ?
Eſt-ce ainſi qu’à me voir ſon amitié s’empreſſe ?

O R E S T E.

Vous le ſavez, Oreſte a vu les ſombres bords ;
Et l’on ne revient point de l’empire des morts.

É L E C T R E.

1165Et n’avez-vous pas cru, Seigneur, qu’avec Oreſte
Palamède avait vu cet empire funeſte ?
Il revoit cependant la clarté qui nous luit :
Mon frère eſt-il le ſeul que le deſtin pourſuit ?