Mais les ſoupçons d’Égiſthe, & des avis ſecrets,
Ont hâté ce grand jour ſi cher a nos ſouhaits.
Oreſte règne enfin : ce héros invincible
Semble armé de la foudre en ce moment terrible.
Tout fuit à ſon aſpect, ou tombe ſous ſes coups :
De longs ruiſſeaux de ſang ſignalent ſon courroux.
J’ai vu prêt à périr le fier Itys lui-même
Déſarmé par Oreſte en ce déſordre extrême.
Ce prince au déſespoir, cherchant le ſeul trépas.
Portant partout la mort & ne la trouvant pas,
À ſon père peut-être eût ouvert un paſſage ;
Mais ſa main déſarmée a trompé ſon courage.
Ainſi, de ſes exploits interrompant le cours,
Le ſort, malgré lui-même, a pris ſoin de ſes jours.
Oreſte, qu’irritait une fureur ſi vaine,
À ſa valeur bientôt fait tout céder ſans peine.
J’ai cru de ce ſuccès devoir vous avertir.
De ces lieux cependant gardez-vous de ſortir,
Madame : la retraite eſt pour vous aſſurée ;
Des amis affidés en défendent l’entrée.
Votre ennemi d’ailleurs, au gré de vos déſirs,
Aux pieds de ſon vainqueur rend les derniers ſoupirs.
Je ne puis la venger, je vais du moins te ſuivre.