Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Eût jeté dans les miens Mérion expirant :
De ſon ſang malheureux votre courroux funeſte
Vient juſque dans mon cœur pourſuivre encor le reſte !
Oui, tyran, cet amour dont brûle votre cœur
N’eſt contre tout mon ſang qu’un reſte de fureur.

I D O M É N É E.

Le reſte de ce ſang m’eſt plus cher que la vie :
Souffrez qu’un tendre amour me le réconcilie.
Madame, je l’aimai, je vous l’ai déjà dit ;
Songez que Mérion lui-même ſe perdit…
Quoi ! Rien ne peut fléchir votre injuſte colère !
Trouverai-je partout le cœur de votre père ?
Sa révolte à vos yeux eut-elle tant d’attraits ?
Mon amour aura-t-il le ſort de mes bienfaits ?
Vous verrai-je, au moment que cet amour vous flatte,
Achever les forfaits d’une famille ingrate ?

É R I X È N E.

Achever des forfaits ! C’eſt au ſang de Minos
À ſavoir les combler, non au ſang d’un héros.