Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/58

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I D O M É N É E.

Le roi n’ignore pas ce qu’exigent les dieux !
À Sophronyme.
Tu vois ſi les cruels pouvaient s’expliquer mieux.
Grâces à leur fureur, toute erreur ſe diſſipe ;
J’entrevois… il ſuffit : laiſſe-nous, Égéſippe.
Sur un ſecret enfin qui regarde ton roi,
Songe, malgré les dieux, à lui garder ta foi.


SCÈNE V.
Idoménée, Sophronyme.
I D O M É N É E.

Tu vois ſur nos deſtins ce que le ciel prononce :
En redoutais-je à tort la funeſte réponſe ?
Il demande mon fils ; je n’en puis plus douter,
Ni de mon trépas même un inſtant me flatter.
Mânes de mes ſujets, qui des bords du Cocyte
Plaignez encor celui qui vous y précipite,
Pardonnez : tout mon ſang, prêt à vous ſecourir,
Aurait coulé, ſi ſeul il me fallait mourir ;
Mais le ciel irrité veut que mon fils périſſe,
Et mon cœur ne veut pas que ma main obéiſſe.
Moi, je verrais mon fils ſur l’autel étendu !
Tout ſon ſang coulerait par mes mains répandu !