Ah ! Mon fils, ſi jamais votre cœur généreux
A partagé les maux d’un père malheureux,
Si vous fûtes jamais ſensible à ma diſgrâce,
Au trône en ce moment daignez remplir ma place.
Moi, ſeigneur ?
Ne veut point que ma mort vous en faſſe un préſent.
Je ſais que c’eſt un rang que votre cœur dédaigne ;
Mais qu’importe ? Il le faut… régnez…
Et que j’oſe à vos yeux me placer dans un rang
Où je dois vous défendre au prix de tout mon ſang !
À cet ordre, ſeigneur, eſt-ce à moi de ſouscrire ?
Ciel ! Eſt-ce à votre fils à vous ravir l’empire ?
Régnez, mon fils, régnez ſur la Crète & ſur moi ;
Je le demande en père, & vous l’ordonne en roi.
Cher prince, à mes déſirs que votre cœur ſe rende ;
Pour la dernière fois peut-être je commande.
Si votre nom ici ne doit plus commander,
N’attendez point, ſeigneur, de m’y voir ſuccéder.