Ô mon peuple ! ô mon fils ! Promeſſe redoutable,
Roi, père malheureux ! Dieux cruels ! Vœu coupable !
Ô ciel, de tant de maux toujours moins ſatisfait,
Tu n’as jamais tonné pour un moindre forfait !
Et vous, fatal objet d’une flamme odieuſe,
Érixène, à mon cœur toujours trop précieuſe,
Fuyez avec mon fils de ces funeſtes lieux :
Pour tout ce qui m’eſt cher j’y dois craindre les dieux.
Malgré l’affreux péril du plus cruel naufrage,
On dit que vos vaiſſeaux vont quitter le rivage :
Quoique de ces apprêts mon cœur ſoit alarmé,
Je ne viens point, ſeigneur, pour en être informé ;
Je ſais de vos ſecrets reſpecter le myſtère,
Et l’on ne m’en fait plus l’heureux dépoſitaire.
Mon cœur, que ce reproche accuſe de changer,
Vous tait des maux qu’il craint de vous voir partager.
Il en eſt cependant dont il faut vous inſtruire.
Ces vaiſſeaux… ces apprêts… ciel ! Que lui vais-je dire ?