Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/68

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Ô mon peuple ! ô mon fils ! Promeſſe redoutable,
Roi, père malheureux ! Dieux cruels ! Vœu coupable !
Ô ciel, de tant de maux toujours moins ſatisfait,
Tu n’as jamais tonné pour un moindre forfait !
Et vous, fatal objet d’une flamme odieuſe,
Érixène, à mon cœur toujours trop précieuſe,
Fuyez avec mon fils de ces funeſtes lieux :
Pour tout ce qui m’eſt cher j’y dois craindre les dieux.


SCÈNE V.
Idoménée, Idamante.
I D A M A N T E.

Malgré l’affreux péril du plus cruel naufrage,
On dit que vos vaiſſeaux vont quitter le rivage :
Quoique de ces apprêts mon cœur ſoit alarmé,
Je ne viens point, ſeigneur, pour en être informé ;
Je ſais de vos ſecrets reſpecter le myſtère,
Et l’on ne m’en fait plus l’heureux dépoſitaire.

I D O M É N É E.

Mon cœur, que ce reproche accuſe de changer,
Vous tait des maux qu’il craint de vous voir partager.
Il en eſt cependant dont il faut vous inſtruire.

À part.

Ces vaiſſeaux… ces apprêts… ciel ! Que lui vais-je dire ?