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C a t i l i n a.


S C È N E   I I
C A T I L I N A,   P R O B U S.
P R O B U S.

EH quoi, Seigneur, c’eſt vous que votre vigilance
A conduit le premier aux autels que j’encenſe !
Saviez-vous que Tullie y dût porter ſes pas ?

C A T I L I N A.

Je le ſais, cependant je ne l’y cherche pas ;
Votre intérêt, Probus, eſt tout ce qui m’amène,
Et mon cœur à vous ſeul veut confier ſa peine.
Céſar, que Cicéron appuyoit au Sénat,
Céſar eſt déſormais sûr du Pontificat ;
Il l’emporte ſur vous, & ſon audace extrême
Veut ſoûmettre à ſes loix la religion même.
J’ai cru, de Cicéron, qui vous eſt allié,
Que mon parti pour vous ſeroit fortifié,
Ou qu’il choiſiroit mieux du moins votre adverſaire ;
Mais ſes tréſors ont fait ce que je n’ai pû faire :
C’eſt ainſi qu’aujourd’hui ſe gouvernent les loix.
Ce Sénat, le modèle & le tuteur des Rois,
Qui fit à l’Univers admirer ſa juſtice,
Qui puniſſoit de mort un ſoupçon d’avarice,