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Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/227

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T r a g é d i e.

Je ne préſume pas qu’à ſon devoir ſoûmiſe,
Elle ait pû vous celer le chef de l’entrepriſe.
Pourquoi donc au Sénat ne pas me déférer ?
J’entrevois les raiſons qui vous font différer,
C’eſt que mon rang demande une preuve plus grave
Que les rapports ſuſpects d’un malheureux eſclave :
Mais mon honneur m’engage à vous déſabuſer.
Avec ce ſeul témoin vous pouvez m’accuſer ;
Son nom garantit tout. Cet eſclave eſt Fulvie,
Qui, jalouſe en ſecret des charmes de Tullie,
A cru devoir troubler quelques ſoins innocens,
Qu’exigeoient d’un grand cœur des charmes ſi touchans.
Qui croiroit qu’un Conſul ſi prudent & ſi ſage,
Eût été le jouet d’une femme volage ?
Vous rougiſſez, Seigneur ; mais c’eſt avec éclat
Que je veux aujourd’hui me venger au Sénat :
Car c’eſt-là qu’en Conſul vous devez me répondre,
Et c’eſt-là qu’en héros je ſaurai vous confondre.
Adieu.


S C È N E   I V.
C I C É R O N ſeul.

Adieu. Dans quel déſordre il laiſſe mes eſprits !
Quelle honte pour moi ſi je m’étois mépris !

Tome II.
E e