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Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/261

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C A T I L I N A.

Arrête, Céthégus ; tu me prends pour Tullie :
Tes doutes ont bleſſé l’amitié qui nous lie ;
Qu’entre nous déſormais ils ſoient plus meſurés.
Mais avant tout dis-moi l’état des conjurés,
Et s’il en eſt quelqu’un qui tremble ou qui balance.

C É T H É G U S.

Aucun d’eux : nous pouvons agir en aſſurance.
Autour du vaſe affreux par moi-même rempli
Du ſang de Nonius avec ſoin recueilli,
Au fond de ton palais j’ai raſſemblé leur troupe :
Tous ſe ſont abreuvés de cette horrible coupe ;
Et, ſe liant à toi par des ſerments divers,
Semblaient dans leurs tranſports défier les enfers.
De joie et de frayeur mon âme s’eſt émue.
Céſar, le ſeul Céſar s’eſt ſoustrait à leur vue.

C A T I L I N A.

Céſar n’a pas beſoin de ſerments avec moi,
Et ſon ambition me répond de ſa foi.
Pour toi, que de ma part rien ne devrait ſurprendre,
Qui ſur un ſeul regard aurais dû mieux m’entendre,
Apprends que Manlius voulait nous perdre tous,
Et qu’un moment plus tard c’en était fait de nous.
Manlius autrefois ſoupira pour Fulvie ;
Corrompu par ſes pleurs, ou par ſa jalouſie,