Aller au contenu

Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur le même principe; c’est-à-dire que dans l’une et dans l’autre on ne fait qu’expliquer les choses inconnues de la Nature, par celles que l’expérience nous met devant les yeux, et transporter à la Physique les idées qu’elle nous fournit. Nous avons reconnu par l’usage, et non pas deviné, ce que peuvent les poids, les ressorts, les leviers; nous ne faisons agir la Nature que par des leviers, des poids, des ressorts. Ces pauvres Sauvages qui ont les premiers habité le monde, ou ne connoissoient point ces choses-là, ou n’y avoient pas fait d’attention. Ils n’expliquoient donc les effets de la Nature que par les choses plus grossières et plus palpables qu’ils connoissoient. Qu’avons-nous fait les uns et les autres ? Nous nous sommes toujours représenté l’inconnu sous la figure de ce qui nous étoit connu; mais heureusement il y a tous les sujets du monde de croire que l’inconnu ne peut pas ne point ressembler à ce qui nous est connu présentement. Ces systêmes d’imagination des premiers siècles étant une fois établis, ils se sont alliés avec l’histoire des faits. Un jeune homme est tombé dans une rivière, et on ne sauroit