Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/403

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se trouvent propres à expliquer tous les faits qui paroissent extraordinaires, et on les mêle avec ces faits: il n’y a point encore à tout cela, pour ainsi dire, de la faute des hommes. Mais comme ces histoires fabuleuses eurent cours, on commença à en forger sans aucun fondement et l’on ne raconta plus les faits un peu remarquables, sans les revêtir des ornemens que l’on savoit qui étoient propres à plaire, et qui n’avoient rien alors d’absolument incroyable. Cela s’entendra mieux par une comparaison de notre histoire moderne à l’histoire ancienne.

Dans les temps où on a eu le plus d’esprit, comme dans le siècle d’Auguste et dans celui-ci, on a aimé à raisonner sur les actions des hommes et en pénétrer les motifs, et à connoître les caractères. Les Historiens se sont conformés à ce goût-là; ils se sont bien gardés d’écrire les faits nuement et séchement: ils les ont accompagnés de motifs, et y ont mêlé les portraits de leurs personnages. Croyons-nous que ces portraits et ces motifs soient exactement vrais ? y avons-nous la même foi qu’aux faits ? Non; nous savons