Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/408

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manière raisonnable, et qui avoit ordinairement de la vraisemblance.

Alors il ne paroît plus de nouvelles fables; on se contente seulement de conserver les anciennes. On eût peut-être aussi bien fait de les laisser périr; mais quoi ! peut-on renoncer à quelque chose d’ancien ? De plus, les fausses Religions de Paganisme en avoient consacré une bonne partie, et elles étoient devenues nécessaires à la poësie et à la peinture. Les sottises une fois établies entre les hommes, ont coutume de jetter des racines bien profondes, et de s’accrocher à bien des choses différentes qui les soutiennent.

Tout ceci est pris dans le fond de la nature humaine, et s’applique par conséquent à tous les Peuples du monde. Aussi n’y en a-t-il aucun dont l’histoire ne commence par des fables, hormis le Peuple élu, chez qui un soin particulier de la Providence a conservé la vérité. Avec quelle prodigieuse lenteur les hommes arrivent à quelque chose de raisonnable, quelque simple qu’elle soit ! Conserver la mémoire des faits tels qu’ils ont été, ce n’est pas une