Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/412

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il imagineroit en détail une infinité de faits, ou arrivés effectivement, ou tout pareils à ceux qui sont arrivés.

Cette méthode d’apprendre l’histoire ne seroit assurément pas mauvaise; on seroit à la source des choses, et de-là on en contempleroit en se divertissant les suites qu’on auroit déjà prévues: car les principes généraux étant une fois bien saisis, on envisage d’une vue universelle tout ce qui en peut naître, et les détails ne sont plus qu’un divertissement que l’on peut même négliger quelquefois à cause de son inutilité ou de son trop de facilité.

Mais la plupart des gens n’en sont pas là, il s’en faut bien. Ils ne font qu’errer sans fin dans les détails, et ne s’avisent point de remonter jusqu’aux principes généraux, où tous les détails se réunissent et se confondent. Entasser dans sa tête faits sur faits, retenir bien exactement les dates, se remplir l’esprit de guerres, de traités de paix, de mariages, de généalogies, voilà ce qu’on appelle savoir l’histoire. Mais ceux qui sont chargés de cette sorte de science-là, savent-ils quels sont les ressorts du cœur humain qui ont causé