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Page:Œuvres de Philippe Desportes (éd. 1858).djvu/611

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Que leur audace en plaisir ne se baigne,
S’ils me voyent broncher ;
Car je ne puis faire un pas sans clocher,
Et la douleur en tous lieux m’accompaigne.

Je dy ma faute, et repense espleuré
Aux maux qui me captivent ;
Et cependant ils fleurissent et vivent,
Le nombre croist contre moy conjuré.

Eux, coustumiers de faire un mauvais change,
Mal pour bien m’ont rendu,
Et maint faux bruit à ma honte espandu,
Pource qu’au bien ma volonté se range.

Las ! ne me laisse, et n’esloigne de moy
Ta faveur souhaitée ;
A mon secours tien l’oreille apprestée,
Seigneur mon Dieu, mon sauveur et mon roy !


PSAL. LI

MISERERE MEI DEUS SECUNDUM, ETC.

Ô Dieu ! par ta clemence aye de moy pitié
Et me sois favorable,
Suivant tes grand’s bontez purge la mauvaistié
Et les transgressions d’un pecheur miserable.

Lave-moy davantage, et te plaise effacer
Ceste tache espandue ;
Car je cognoy ma faute et la voy sans cesser,
Qui s’offre espouventable à mon ame esperdue.

À toy seul j’ay peché, j’ay faict mal devant toy,
Et l’horreur de mon vice
Te fera trouver juste aux propos de ta loy,
Et vaincras l’insensé qui reprend ta justice.

Voylà, j’estoy souillé dès que je fu receu
Dans ce val de misere ;
Je me suis veu coupable aussi-tost que conceu,
Et couvoy le peché dans les flancs de ma mere.

La verité te plaist, tu veux qu’en nos espris
Ferme elle s’enracine ;
C’est pourquoy les secrets, benin, tu m’as appris
Et les destours cachez de ta haute doctrine.

Asperge-moy d’hyssope, et je verray soudain
Ma souillure effacée ;
S’il te plaist, ô Seigneur ! me laver de ta main,
Je passeray la neige en flocons amassée.