Page:Œuvres de Robespierre.djvu/102

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au peuple du pain, du travail et des mœurs. C’est en vain que les ennemis de la liberté s’agitent pour déchirer le sein de leur patrie : ils n’arrêteront pas plus le cours de la raison humaine, que celui du soleil ; la lâcheté ne triomphera point du courage ; c’est au génie de l’intrigue à fuir devant le génie de la liberté. Et vous, législateurs, souvenez-vous que vous n’êtes point les représentants d’une caste privilégiée, mais ceux du peuple français, n’oubliez pas que la source de l’ordre, c’est la justice, que le plus sûr garant de la tranquillité publique, c’est le bonheur des citoyens, et que les longues convulsions qui déchirent les États ne sont que le combat des préjugés contre les principes, de l’égoïsme contre l’intérêt général ; de l’orgueil et des passions des hommes puissants contre les droits et contre les besoins des faibles. »

Séance du 3 décembre. — La discussion sur le procès du roi est rouverte. Il n’y a plus de doute sur ce point : que le roi peut être jugé et qu’il doit l’être par la Convention. Il s’agit d’examiner quelles seront les formes du procès. Robespierre monte à la tribune pour développer son opinion sur le parti à prendre à l’égard de Louis XVI.

Séance du 4 décembre. — Philippeaux demande que la Convention se déclare en permanence jusqu’à ce qu’elle ait statué sur le sort de Louis XVI. Pétion s’y oppose, mais il demande que chaque jour on s’occupe du procès du roi depuis midi jusqu’à six heures. Robespierre demande la parole. Il ne l’obtient qu’à grand’peine, et il commence son discours par dénoncer, aux applaudissements des tribunes, la violation qui a été faite plusieurs fois en sa personne du droit de représentant, par des manœuvres multipliées pour étouffer sa voix. Il dénonce l’intention où l’on paraît être de mettre le trouble dans l’Assemblée, en faisant opprimer une partie par l’autre. Puis, arrivant au sujet de la discussion, il dit que la mesure que l’on doit prendre, c’est de juger Louis XVI sur-le-champ, sans désemparer. Il ne s’agit