Page:Œuvres de Robespierre.djvu/148

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pour l’aristocratie, qui les emploie à corrompre l’opinion et à former de nouvelles conspirations[1]. »

Séance du 11 juin (23 prairial). — Robespierre prend la parole pour s’opposer à la motion de Bourdon (de l’Oise) qui demande que l’inviolabilité des représentants soit consacrée dans la loi, votée la veille, et qu’ils ne puissent être traduits devant le tribunal révolutionnaire que par un décret de la Convention : « Il est bien démontré, dit-il, qu’il n’y avait pas lieu aux plaintes qui ont été faites. Ne voit-on pas que le système des Chabot, des Hébert, des Danton, des Lacroix est resté organisé ? On cherche à séparer le comité de la Montagne. La Convention, la Montagne, le Comité, c’est la même chose. (Vifs applaudissements). Tout représentant du peuple qui aime sincèrement la liberté, tout représentant du peuple qui est déterminé à mourir pour la patrie, est de la Montagne. (De nouveaux applaudissements se font entendre, et les membres de la Convention se lèvent en signe d’adhésion et de dévouement). Oui, Montagnards, vous serez toujours le boulevard de la liberté publique ; mais vous n’avez rien de commun avec les intrigants et les pervers, quels

  1. Robespierre avait préludé à la loi du 22 prairial par l’organisation de la commission populaire d’Orange dont il rédigea lui-même les statuts (21 floréal) : « Les membres de la commission populaire d’Orange sont nommés pour juger les ennemis de la révolution. Les ennemis de la révolution sont ceux qui, par quelque moyen que ce soit et de quelques dehors qu’ils soient couverts, ont cherché à contrarier la marche de la révolution et à empêcher l’affermissement de la république. — La peine due à ce crime est la mort ; les preuves requises pour la condamnation sont tous les renseignements, de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent convaincre un homme raisonnable et ami de la liberté. — La règle des jugements est la conscience du juge, éclairée par l’amour de la justice et de la patrie ; leur but, le salut public et la ruine des ennemis de la patrie. » Fouquier Tinville, qui tenait aux formes juridiques, déféra ces dispositions au Comité. On lui répondit que cela regardait Robespierre.