Page:Œuvres de Robespierre.djvu/20

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Sur le pouvoir de tes appas
Demeure toujours alarmée,
Tu n’en seras que mieux aimée
Si tu crains de ne l’être pas.

La lettre suivante, citée par M. Ernest Hamel, pourra donner une idée de la direction de son esprit, à cette époque :

Mademoiselle,

« J’ai l’honneur de vous envoyer un mémoire dont l’objet est intéressant. On peut rendre aux Grâces mêmes de semblables hommages, lorsqu’à tous les agréments qui les accompagnent elles savent joindre le don de penser et de sentir et qu’elles sont également dignes de pleurer l’infortune et de donner le bonheur.

« À propos d’un objet si sérieux, mademoiselle, me sera-t-il permis de parler de serins ? Sans doute, si ces serins sont intéressants ; et comment ne le seraient-ils pas puisqu’ils viennent de vous ? Ils sont très-jolis ; nous nous attendions qu’étant élevés par vous ils seraient encore les plus doux et les plus sociables de tous les serins : quelle fut notre surprise, lorsqu’en approchant de leur cage, nous les vîmes se précipiter contre les barreaux avec une impétuosité qui faisait craindre pour leurs jours ; et voilà le manège qu’ils recommencent toutes les fois qu’ils aperçoivent la main qui les nourrit. Quel plan d’éducation avez-vous donc adopté pour eux, et d’où leur vient ce caractère sauvage ? Est-ce que la colombe, que les Grâces élèvent pour le char de Vénus, montre ce naturel farouche ? Un visage comme le vôtre n’a-t-il pas dû familiariser aisément vos serins avec les figures humaines ? ou bien serait-ce qu’après l’avoir vu ils ne pourraient plus en supporter d’autres ? Expliquez-moi, je vous prie, ce phénomène. En attendant nous les trouverons toujours aimables avec leurs défauts.