Page:Œuvres de Robespierre.djvu/204

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violation des droits imprescriptibles de l’homme, qui en sont les bases essentielles : après avoir annoncé d’une manière si franche et si imposante dans cette déclaration immortelle où nous les avons retracés, qu’elle était mise à la tête de notre Code constitutionnel, afin que les peuples fussent à portée de la comparer à chaque instant avec les principes inaltérables qu’elle renferme, nous n’affecterons pas sans cesse d’en détourner nos regards sous de nouveaux prétextes, lorsqu’il s’agit de les appliquer aux droits de nos commettants et au bonheur de notre patrie. L’humanité, la justice, la morale, voilà la politique, voilà la sagesse des législateurs ; tout le reste n’est que préjugés, ignorance, intrigues, mauvaise foi. Partisans de ces funestes systèmes, cessez de calomnier le peuple et de blasphémer contre votre souverain, en le représentant sans cesse indigne de jouir de ses droits, méchant, barbare, corrompu ! C’est vous qui êtes injustes et corrompus, ce sont les castes fortunées auxquelles vous voulez transférer sa puissance : c’est le peuple qui est bon, patient, généreux ; notre révolution, les crimes de ses ennemis l’attestent ; mille traits récents et héroïques qui ne sont chez lui que naturels en déposent : le peuple ne demande que tranquillité, justice, que le droit de vivre ; les hommes puissants, les riches sont affamés de distinctions, de trésors, de voluptés ; l’intérêt, le vœu du peuple est celui de la nature, de l’humanité ; c’est l’intérêt général ; l’intérêt, le vœu des riches et des hommes puissants, est celui de l’ambition, de l’orgueil, de la cupidité, des fantaisies les plus extravagantes, des passions les plus funestes au bonheur de la société ; les abus qui l’ont désolée furent toujours leur ouvrage ; ils furent toujours les fléaux du peuple. Aussi qui a fait notre glorieuse Révolution ? Sont-ce les riches, sont-ce les hommes puissants ? Le peuple seul pouvait la désirer et la faire ; le peuple seul peut la soutenir par la même raison… Et l’on ose nous proposer de lui ravir les droits qu’il a reconquis !