Les partisans du système que j’attaque ont eux-mêmes senti cette vérité, puisque, n’osant contester la qualité de citoyen à ceux qu’ils condamnaient à l’exhérédation politique, ils se sont bornés à éluder le principe de l’égalité qu’elle suppose nécessairement, par la distinction de citoyens actifs et de citoyens inactifs. Comptant sur la facilité avec laquelle on gouverne les hommes par les mots, ils ont essayé de nous donner le change en publiant par cette expression nouvelle, la violation la plus manifeste des droits de l’homme.
Mais qui peut être assez stupide pour ne pas apercevoir que ce mot ne peut ni changer les principes, ni résoudre les difficultés ? puisque déclarer que tels citoyens ne seront point actifs, ou dire qu’ils n’exerceront plus les droits politiques attachés au titre de citoyen, c’est exactement la même chose dans l’idiome de ces subtils politiques. Or, je leur demanderai toujours de quel droit ils peuvent ainsi frapper d’inactivité et de paralysie leurs concitoyens et leurs commettants : je ne cesserai de réclamer contre cette locution insidieuse et barbare qui souillera, à la fois, et notre code et notre langue, si nous ne nous hâtons de l’effacer de l’un et de l’autre, afin que le mot de liberté ne soit pas lui-même insignifiant et dérisoire.
Qu’ajouterai-je à des vérités si évidentes ? Rien pour les représentants de la nation dont l’opinion et le vœu ont déjà prévenu ma demande : il ne me reste qu’à répondre aux déplorables sophismes sur lesquels les préjugés et l’ambition d’une certaine classe d’hommes s’efforcent d’étayer la doctrine désastreuse que je combats ; c’est à ceux-là seulement que je vais parler ?
Le peuple ! des gens qui n’ont rien ! les dangers de la corruption ! l’exemple de l’Angleterre, celui des peuples que l’on suppose libres ; voilà les arguments qu’on oppose à la justice et à la raison.
Je ne devrais répondre que ce seul mot : Le peuple, cette