de juger, de punir par contumace ; nommer pour les combattre des maréchaux de France extraordinaires contre les lois, affecter d’étaler aux yeux de l’univers Lafayette tout entier, qu’est-ce autre chose que leur donner une illustration, une importance qu’ils désirent, et qui convient aux ennemis du dedans qui les favorisent ? La cour et les factieux ont sans doute des raisons d’adopter ce plan : quelles peuvent êtres les nôtres ? L’honneur du nom français, dites-vous. Juste ciel ! la nation française déshonorée par cette tourbe de fugitifs aussi ridicules qu’impuissants, qu’elle peut dépouiller de leurs biens, et marquer, aux yeux de l’univers, du sceau du crime et de la trahison ! Ah ! la honte consiste à être trompé par les artifices grossiers des ennemis de notre liberté. La magnanimité, la sagesse, la liberté, le bonheur, la vertu, voilà notre honneur. Celui que vous voulez ressusciter est l’ami, le soutien du despotisme ; c’est l’honneur des héros de l’aristocratie, de tous les tyrans ; c’est l’honneur du crime, c’est un être bizarre que je croirais né de je ne sais quelle union monstrueuse du vice et de la vertu, mais qui s’est rangé du parti du premier pour égorger sa mère ; il est proscrit de la terre de la liberté, laissez cet honneur, ou reléguez-le au delà du Rhin ; qu’il aille chercher un asile dans le cœur ou dans la tête des princes et des chevaliers de Coblentz.
Est-ce donc avec cette légèreté qu’il faut traiter des plus grands intérêts de l’État ?
Avant de vous égarer dans la politique et dans les États des princes de l’Europe, commencez par ramener vos regards sur votre position intérieure ; remettez l’ordre chez vous avant de porter la liberté ailleurs. Mais vous prétendez que ce soin ne doit pas même vous occuper, comme si les règles ordinaires du bon sens n’étaient pas faites pour les grands politiques. Remettre l’ordre dans les finances, en arrêter la déprédation, armer le peuple et les gardes