Page:Œuvres de Robespierre.djvu/359

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point celui de la cour et de l’aristocratie, et qui, cependant serait présumé ennemi de la liberté et de la constitution : La Fayette a donc présenté les patriotes, le peuple, tout ce qui n’est point sa faction, comme une secte particulière qu’il a appelée, qu’il a fait appeler par tous les écrivains qu’il soudoie, tantôt républicaine, tantôt jacobine, à laquelle il impute tous les maux qu’il a causés, tous les crimes de la cour et de l’aristocratie C’est sous ce nom qu’il prétend accabler le peuple, avec le nom du roi, avec les forces de la cour, de la noblesse, des prêtres séditieux, des puissances étrangères, et de tous les citoyens pervers ou stupides qu’il pourra égarer ou attacher à sa fortune. On voit qu’en cela il s’accorde encore parfaitement avec nos ennemis extérieurs qui, pour ne point paraître combattre la volonté de la nation, pour ménager en même temps l’opinion de leurs propres sujets, déclarent qu’ils ne prennent les armes que contre cette même faction jacobine à qui ils supposent le pouvoir de maîtriser le peuple français… Voilà toute la politique de ce héros… Eh bien ! qu’il comble enfin la mesure de ses crimes ; qu’il passe le Rubicon comme César[1], ou plutôt que, comme Octave, à qui il ressemble beaucoup mieux, aux talents près, il se cache au fond de cale, tandis qu’on donnera la bataille d’Actium… Citoyen ingrat et parjure, hypocrite et vil conspirateur, que tout le sang qui coulera retombe sur ta tête sacrilège. Tu as dit dans ta lettre à l’Assemblée, en parlant de tes complices : « Je déclare que la nation française, si elle n’est point la plus vile de l’univers, peut et doit résister à la coalition des rois. » Et moi, je dis que si le plus dangereux de ses ennemis et le plus coupable de tous les traîtres n’est pas bientôt exemplairement puni, nous sommes en effet la plus vile nation de l’univers, ou du moins nos représentants sont les plus lâches de tous les hommes. »


SUR PĖTION (p. 68.)


Robespierre, comme on a pu le voir, avait été très-lié avec Pétion : ce fut ce dernier qui provoqua la rupture, en intervenant pour prendre sa défense contre les accusations de Rebecqui et de Louvet : « Le caractère de Robespierre, dit Pétion, explique ce qu’il

  1. On assure que, plusieurs années avant la révolution, les plaisants de la cour lui avait donné le nom de Gilles-César. (Note de Robespierre.)