Page:Œuvres de Robespierre.djvu/61

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eux : je défendrai surtout les plus pauvres. Plus un homme est faible et malheureux, plus il a besoin du droit de pétition ; et c’est parce qu’il est faible et malheureux que vous le lui ôteriez ! Dieu accueille les demandes non-seulement des plus malheureux des hommes, mais des plus coupables. Or, il n’y a de lois sages et justes que celles qui dérivent des lois simples de la nature. Si vos sentiments n’étaient point conformes à ces lois, vous ne seriez plus les législateurs, vous seriez plutôt les oppresseurs des peuples. Je crois donc qu’à titre de législateurs et de représentants de la nation, vous êtes incompétents pour ôter à une partie des citoyens les droits imprescriptibles qu’ils tiennent de la nature. »

Les autres restrictions que le comité voudrait apporter au droit de pétition ne sont pas davantage motivées : « Il suffit qu’une société ait une existence légitime pour qu’elle ait le droit de pétition ; car si elle a le droit d’exister reconnu par la loi, elle a le droit d’agir comme une collection d’êtres raisonnables, qui peuvent publier leur opinion commune et manifester leur vœu. » « Je le demande à tout homme de bonne foi qui veut sincèrement le bien, mais qui ne cache pas sous un langage spécieux le dessein de dominer la liberté, disait en terminant Robespierre, je demande si ce n’est pas chercher à troubler l’ordre public par des lois oppressives, et porter le coup le plus funeste à la liberté. »

Robespierre monta de nouveau à la tribune dans la séance du lendemain pour combattre l’interdiction proposée par le comité contre les citoyens non actifs : « Il est évident que le droit de pétition n’est autre chose que le droit d’émettre son vœu ; que ce n’est donc pas un droit politique, mais le droit de tout être pensant. Bien loin d’être, comme on vous l’a dit, l’exercice de la souveraineté, de devoir être exclusivement attribué à tous les citoyens actifs, le droit de pétition au contraire suppose l’absence de l’activité, l’infériorité, la dépendance. Celui qui a l’autorité en main ordonne ; celui qui est dans l’inactivité, dans la dé-