miné sa session. À la sortie de la salle, un peuple enthousiaste fit une ovation triomphale à Robespierre et à Pétion ; il leur mit sur la tête des couronnes de chênes ; les fît monter dans un carrosse dont les chevaux avaient été dételés, et les ramena en triomphe chez eux, en criant : « Voilà les véritables amis, les défenseurs des droits du peuple[1]. » Après la clôture de la session, Robespierre retourna dans son pays, où il fut aussi l’objet d’une véritable ovation. Le 16 octobre, il écrivait à son hôte et ami Duplay : « De Bapaume, plusieurs officiers des deux corps, joints à une partie des officiers de la garde nationale d’Arras, qui étaient venus à ma rencontre, me reconduisirent à Arras, où le peuple me reçut avec des démonstrations d’un attachement que je ne puis exprimer et auquel je ne puis songer sans attendrissement[2]. »
Robespierre ne resta que quelques semaines à Arras. De retour à Paris, il partagea son temps entre ses occupations comme accusateur public près le tribunal criminel de la Seine, et la tribune des Jacobins. Le jour où il reparut dans cette société, Collot d’Herbois, qui présidait, se leva à son entrée : « Je demande, dit-il, que ce membre de l’Assemblée constituante, justement surnommé l’incorruptible, préside la société. » Cette motion fut adoptée par acclamation. Robespierre, prenant alors la parole, dénonça l’empereur d’Autriche, les électeurs de Mayence, de Trêves, de Suisse et de Cologne comme les ennemis de la France. La liberté, s’écria-t-il, ne peut se conserver que par le courage et par le mépris des tyrans : « Il faut dire à Léopold : Vous
- ↑ On jouait à cette époque (septembre 1791) au théâtre Molière, une pièce où Rohan et Condé se trouvaient aux prises avec Robespierre, qui les foudroyait, dit un critique du temps, par sa logique et sa vertu. (Révolutions de Paris, no 113, p.450.)
- ↑ Après le 9 thermidor, la Société populaire d’Arras fut une des plus empressées à envoyer à la Convention ses félicitations pour « avoir par leur énergie délivré la France d’un tyran. »