Page:Œuvres de Robespierre.djvu/81

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fluence et le caractère de leurs auteurs méritent au moins une réponse.

« Je ne ferai point celle de Scipion, ou de Lafayette, qui, accusé dans cette même tribune de plusieurs crimes de lèse-nation, ne répondit rien. Je répondrai sérieusement à cette question de Brissot : Qu’avez-vous fait pour avoir le droit de censurer ma conduite et celle de mes amis ? Il est vrai que tout en m’interrogeant, il semble lui-même m’avoir fermé la bouche, en répétant éternellement, avec tous mes ennemis, que je sacrifiais la chose publique à mon orgueil ; que je ne cessais de vanter mes services, quoiqu’il sache bien que je n’ai jamais parlé de moi que lorsqu’on m’a forcé de repousser la calomnie et de défendre mes principes. Mais enfin, comme le droit d’interroger et de calomnier suppose celui de répondre, je vais lui dire franchement et sans orgueil ce que j’ai fait. Jamais personne ne m’accusa d’avoir exercé un métier lâche, ou flétri mon nom par des liaisons honteuses, ou par des procès scandaleux, mais on m’accusa de défendre, avec trop de chaleur, la cause des faibles opprimés contre les oppresseurs puissants ; on m’accusa, avec raison, d’avoir violé le respect dû aux tribunaux tyranniques de l’ancien régime, pour les forcer à être justes par pudeur ; d’avoir immolé à l’innocence outragée, l’orgueil de l’aristocratie bourgeoise, municipale, nobiliaire, ecclésiastique. » Robespierre rappelle avec détail sa conduite lorsqu’il était juge au tribunal de l’évêque d’Arras ; les persécutions qu’il subit « de la part de toutes les puissances conjurées contre lui, » et auxquelles alors « le peuple l’arracha pour le porter dans le sein de l’Assemblée nationale. » Il fait ensuite l’apologie de son attitude à l’Assemblée, où « des courtisans ambitieux, habiles dans l’art de tromper et cachés sous le masque du patriotisme, se réunissaient souvent aux phalanges aristocratiques pour étouffer sa voix. »

Brissot lui avait reproché d’avoir calomnié Condorcet,