Page:Œuvres de Robespierre.djvu/93

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contre les Jacobins, contre la Commune, contre toutes les autorités constituées de Paris, contre la députation de ce département, et surtout contre Robespierre qu’il accuse formellement d’avoir aspiré à la dictature. Robespierre demande qu’il lui soit fixé un jour pour répondre. L’Assemblée ajourne la discussion au lundi suivant… » Il résulte du Moniteur que c’est lui-même qui, après avoir demandé la parole, redoutant sans doute la disposition où se trouvait l’Assemblée, réclama un ajournement à huitaine.

Robespierre répondit à Louvet dans la séance du 5 novembre. Les accusations dirigées contre lui étaient vagues : il lui fut facile de les repousser. On l’accuse d’avoir conspiré pour parvenir au pouvoir suprême. Mais n’avait-il pas le premier, avant le 10 août, appelé la Convention comme le seul remède des maux de la patrie. Cette accusation d’ailleurs est invraisemblable. Où étaient ses trésors ? où étaient ses armées ? où était la force qui l’eût rendu capable d’exécuter un pareil projet ? On lui reproche ses rapports avec Marat ; mais ils n’ont eu ensemble qu’une unique entrevue, au mois de janvier 1792, et ils furent si loin de s’entendre, que Marat écrivit en toutes lettres dans son journal, « qu’il l’avait quitté, parfaitement convaincu qu’il n’avait ni les vues, ni l’audace d’un homme d’État[1]. » On lui reproche d’avoir exercé aux Jacobins un despotisme d’opinion qui ne pouvait être regardé que comme l’avant-coureur de la dictature. Mais qu’est-ce que le despotisme de l’opinion, à moins que ce ne soit l’empire naturel des principes ! Or cet empire n’est point personnel à tel homme qui les énonce ; il appartient à la raison universelle et à tous les hommes

  1. Voici en quels termes Marat s’exprimait à ce sujet : « Cette entrevue me confirma dans l’opinion que j’avais toujours eue de lui, qu’il réunissait aux lumières d’un sage sénateur l’intégrité d’un véritable homme de bien et le zèle d’un vrai patriote, mais qu’il manquait également et des vues et de l’audace d’un homme d’État. »