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Page:Œuvres de Schiller, Histoire I, 1860.djvu/406

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UN DÉJEUNER DU DUC D’ALBE,
AU CHATEAU DE RUDOLSTADT, EN 1547[1].

En feuilletant une vieille chronique du seizième siècle (Res in Ecclesia et Politica christiana gestæ ab anno 1500 ad an. 1600, autore J. Sœffing, Th. D., Rudolst., 1676), je trouve l’anecdote suivante, qui, pour plus d’une raison, mérite d’être arrachée à l’oubli. Je la vois confirmée dans un écrit qui a pour titre : Mausolea manibus Metzelii posita a Fr. Melch. Dedekindo, 1738. On peut aussi consulter à ce sujet le Miroir de la noblesse (Adelspiegel) de Spangenberg, 1er partie, t. XIII, p. 445.

Une dame allemande, d’une maison qui avant cela a déjà brillé d’un courage héroïque et a donné un empereur à l’empire d’Allemagne, força, par sa conduite résolue, à trembler, ou peu s’en faut, le terrible duc d’Albe. Lorsque l’empereur Charles-Quint, en l’an 1547, après la bataille de Mühlberg, traversa la Thuringe, dans sa marche vers la Franconie et la Souabe, la comtesse douairière Catherine de Schwartzbourg, née princesse de Henneberg, obtint de lui une sauvegarde, en vertu de laquelle ses sujets ne devaient avoir rien à souffrir du passage de l’armée espagnole. En retour, elle s’engagea à fournir, pour un prix raisonnable, et à faire transporter de Rudolstadt au pont de la Saale, du pain, de la bière et d’autres vivres, pour subvenir aux besoins des troupes espagnoles, qui devaient traverser la rivière en cet endroit. Toutefois, elle eut la précaution de faire

  1. Ce récit fut publié d’abord dans le cahier d’octobre du Mercure allemand de 1788. Il y est signé de l’initiale du nom de l’auteur.