Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
LA VIE DE SPINOZA.

cité, à savoir, pour dettes ou à cause d’une vie libertine et épicurienne.

On était excommunié pour dettes lorsque le débiteur condamné par le juge à payer refusait cependant de satisfaire à ses créanciers. On l’était pareillement pour mener une vie licencieuse et épicurienne ; quand on était convaincu d’être blasphémateur, idolâtre, violateur du sabbat ou déserteur de la religion et du service de Dieu. Car au Traité du Talmud sanhédrin, folio 99, un épicurien est défini un homme qui n’a que du mépris pour la parole de Dieu et pour les enseignements des sages, qui les tourne en ridicule, et qui ne se sert de sa langue que pour proférer des choses mauvaises contre la majesté divine.

Ils n’accordaient aucun délai à un tel homme. Il encourait l’excommunication, qu’on fulminait aussitôt contre lui. D’abord il était nommé et cité le premier jour de la semaine par le portier de la synagogue ; et comme il refusait ordinairement de comparaître, celui qui l’avait cité en faisait publiquement son rapport en ces termes : « J’ai, par ordre du directeur de l’École, cité N. N., qui n’a pas répondu à la citation, ni voulu comparaître. » On procédait alors par écrit à la sentence d’excommunication, qui était après signifiée au criminel et servait d’acte d’interdiction ou bannissement, dont chacun pouvait tirer copie en payant. Mais s’il arrivait qu’il comparût et qu’il persévérât néanmoins dans ses sentiments avec opiniâtreté, son excommunication lui était seulement prononcée de bouche ; à quoi les assistants joignaient encore l’affront de le bafouer et de le montrer au doigt.

Outre ces deux causes d’excommunication, le savant Lightfoot, au lieu ci-devant cité, en rapporte vingt-quatre autres, tirées des écrits des anciens juifs ; mais ce qu’il dit sur ce sujet nous mènerait trop loin, et est d’une trop grande étendue pour être inséré ici.

Enfin, à l’égard du formulaire dont ils usaient dans les sentences d’excommunication publiées de bouche ou exprimées par écrit, voici ce qu’en dit le docteur Seldenus, au lieu déjà cité, page 59, et qu’il a tiré des écrits de Maimonides : « On énonçait premièrement le crime de l’accusé, ou ce qui avait donné lieu à la poursuite qu’on faisait contre lui ; à quoi on joignait ensuite ces malédictions conçues en peu de paroles : Cet homme, N. N.,