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Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/252

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cord. « J’avoue, dit-il, qu’en cette rencontre je ne puis que répondre ce que j’ai déjà répondu plus haut, savoir, que le Talmud est d’ordinaire en contradiction avec les Massorètes. » Il suit de là qu’on n’est pas fondé à soutenir qu’il n’y a jamais eu dans les exemplaires de la Bible que deux leçons pour chaque passage. Cependant je veux bien faire cette concession à mes adversaires ; je crois même qu’effectivement on n’a jamais rencontré que deux leçons, et voici mes preuves. 1° J’ai expliqué la variété des leçons par la ressemblance de certaines lettres. Or une pareille cause n’admet que deux leçons différentes. La question était toujours de savoir entre deux lettres laquelle il fallait écrire ; par exemple, il fallait choisir entre bet et kaf, entre jod et vau, entre dalet et res, etc., toutes lettres dont l’usage est tellement fréquent qu’il devait arriver souvent que l’une comme l’autre donnait un sens raisonnable. Il fallait aussi savoir si la syllabe était longue ou brève ; or ce sont les lettres que nous avons appelées muettes qui déterminaient la quantité de ces syllabes. Ajoutez à cela que nous n’avons pas prétendu que toutes les leçons, sans exception, fussent des leçons douteuses, puisqu’au contraire nous avons expressément dit que plusieurs d’entre elles avaient été faites par un motif d’honnêteté, ou pour expliquer des mots tombés en désuétude. 2° La seconde raison que j’ai de croire qu’il n’y a jamais eu que deux leçons différentes, c’est la conviction où je suis que les scribes n’ont pu trouver qu’un très-petit nombre d’exemplaires, et peut-être pas plus de deux ou trois. Car, au traité des scribes (chap. VI), il n’est fait mention que de trois exemplaires qu’on suppose trouvés par Hezras, qu’on donne comme l’auteur des notes marginales. Mais quoi qu’il en soit de ce dernier point, s’il est vrai que les scribes n’ont eu sous les yeux que trois exemplaires, on conçoit très-facilement que pour un même endroit il y ait toujours eu deux de ces exemplaires d’accord ; car il serait vraiment prodigieux que trois exemplaires seu-