Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/254

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vide interposé au milieu des paragraphes) plusieurs passages tronqués, dont les Massorètes fixent même le nombre ; car ils en comptent vingt-huit, et je ne sais trop si ce nombre de vingt-huit ne couvre pas aussi à leurs yeux quelque mystère. Les pharisiens vont jusqu’à mesurer avec précision la longueur de l’espace que les scribes ont laissé vide, et ils s’y conforment religieusement. Par exemple, ils écrivent ainsi le passage suivant de la Genèse (chap. IV, vers. 8) : Et Kaïn dit à son frère Habel… et il arriva tandis qu’ils étaient dans les champs, etc. L’espace vide marque ici l’absence des paroles adressées à Habel par Kaïn. Il y a dans la Bible vingt-huit passages semblables (outre ceux que nous avons cités plus haut) ; et, du reste, plusieurs d’entre eux ne paraîtraient pas tronqués, si l’on n’avait pas laissé cet espace vide. Mais il est inutile d’insister plus longuement sur ce point.


CHAPITRE X

ON EXAMINE LES AUTRES LIVRES DE L’ANCIEN TESTAMENT COMME ON
A FAIT PRÉCÉDEMMENT LES DOUZE PREMIERS
[1]

Je passe à l’examen des autres livres de l’Ancien Testament. Je n’ai rien à dire de certain ni d’important touchant les deux livres des Paralipomènes, sinon qu’ils ont été écrits longtemps après Hezras, et peut-être même depuis la restauration du temple par Judas Machabée. L’historien nous y donne en effet (liv. I, chap. IX) le « dénombrement des familles qui les premières (c’est-à-dire dès le temps d’Hezras) habitèrent Jérusalem. » Ajoutez à cela qu’au verset 17, il nous désigne par leur nom les gardiens des portes (remarquez que deux de ces noms se retrouvent dans Néhémias, chap. XI, vers. 19), ce qui prouve que ces livres ont été écrits longtemps après la reconstruction de Jérusalem. Du reste, je n’ai rien à dire

  1. Voyez les Notes marginales de Spinoza, note 21.