Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/285

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muniquer aux hommes un certain nombre de livres. Nous pouvons aussi apprendre de là pourquoi la Bible est divisée en livres de l’Ancien et du Nouveau Testament : c’est indubitablement parce qu’avant la venue du Christ, les prophètes avaient coutume de prêcher la religion comme étant la loi de la patrie et le pacte contracté du temps de Moïse, et que, depuis l’avènement du Christ, les apôtres l’ont prêchée à toutes les nations comme la loi catholique et en se fondant sur la seule vertu de la passion du Christ : non pas que ces livres soient divers en doctrine, ni qu’ils aient été écrits comme s’ils étaient les originaux de l’alliance, ni enfin que la religion catholique, qui est la plus naturelle de toutes, fût quelque chose de nouveau, si ce n’est au regard des hommes qui ne la connaissaient pas : Il était dans le monde, dit Jean l’Évangéliste (chap. I, vers. 10), et le monde ne l’a point connu. Ainsi, lors même qu’il nous resterait un plus petit nombre de livres de l’Ancien que du Nouveau Testament, nous ne serions pas cependant dépourvus de la parole de Dieu (et par cette parole on doit entendre, comme nous l’avons déjà dit, la vraie religion), de même que nous ne pensons pas en être privés quoiqu’il nous manque d’autres écrits d’une haute importance, par exemple le Livre de la Loi, qui était gardé religieusement dans le temple comme l’original de l’alliance, les livres des guerres, des chronologies, et un très-grand nombre d’autres d’où ont été tirés et recueillis ceux de l’Ancien Testament que nous possédons encore. Et cela peut se confirmer encore par plusieurs raisons, savoir : 1° parce que les livres de l’un et de l’autre Testament n’ont pas été écrits en même temps, par un mandat exprès, pour tous les siècles, mais dans des circonstances accidentelles, pour quelques hommes, selon leur constitution particulière et l’esprit du temps, comme le prouvent clairement les vocations des prophètes (qui furent appelés pour réprimander les impies de leur temps), et aussi les Épîtres des apôtres ; 2° parce qu’autre chose est entendre l’Écri-