Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/414

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s au composé dans l’ordre de la nature des choses aussi bien que dans celui de la connaissance. Or cette priorité est absurde dans un être qui de soi est éternel.

3° Il n’est point conçu comme déterminé ; il ne peut être conçu que comme infini. Supposez, en effet, que la nature de cet être soit déterminée, on la concevrait donc comme n’existant pas hors des limites où elle est enfermée, ce qui est contraire à sa définition 2.

4° Il doit être indivisible 3 ; car s’il était divisible, on le pourrait diviser, soit en parties de même nature, soit en parties de nature différente. Dans le second cas, il pourrait être détruit ou ne pas exister, ce qui est contraire à sa définition ; dans le premier, chacune de ses parties enfermerait en soi-même l’existence nécessaire, et alors elle pourrait exister, et partant être conçue sans une autre partie ; d’où il résulterait qu’on pourrait concevoir une nature qui enferme l’existence nécessaire comme finie, ce qui est contraire, comme on l’a montré, à sa définition. Ceci fait clairement reconnaître qu’on ne peut, sans tomber en contradiction, attribuer à un tel être aucune perfection : car toute imperfection devrait consister, soit en quelque défaut de la nature de cet être, soit en de certaines limites où elle serait enfermée, soit enfin dans quelque changement qu’elle aurait à subir, par le défaut de sa force propre, de la part des causes extérieures. Or dans tous les cas possibles il en faut venir à dire qu’une nature qui enveloppe l’existence nécessaire, ou n’existe pas, ou n’a pas l’existence nécessaire. Nous devons donc conclure :

5° Que tout ce qui enferme l’existence nécessaire ne peut avoir en soi aucune imperfection et ne doit exprimer que la perfection toute pure.

6° Or, comme un être ne peut exister par sa propre vertu ni se suffire à soi-même qu’en vertu de sa perfection intrinsèque, il s’ensuit que, si nous supposons qu’un