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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/102

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L’homme propose et Dieu dispose.

 
J’étais parti, voyant le ciel limpide et clair
Et les chemins séchés, afin de prendre l’air,
D’ouïr le vent qui pleure aux branches du mélèze,
Et de mieux travailler : car on est plus à l’aise,
Pour méditer le plan d’un drame projeté,
Refondre un vers pesant et sans grâce jeté,
Ou d’une rime faible, à sa sœur mal unie,
Par un son plus exact réparer l’harmonie,
Sous les arbres touffus inclinés en arceaux
Du labyrinthe vert, quand des milliers d’oiseaux
Chantent auprès de vous, et que la brise joue
Dans vos cheveux épars et baise votre joue,
Qu’on ne l’est dans sa chambre, un bureau devant soi,
S’étant fait d’y rester une pénible loi,
Et, comme un ouvrier que son devoir attache,
De ne pas s’arrêter qu’on n’ait fini sa tâche,
Remis le tout au net, et bien dûment serré
L’œuvre dans un tiroir aux profanes sacré ;
Et je m’étais promis de rapporter la feuille
Où, du crayon aidé, mon doigt fixe et recueille
Mes pensers vagabonds, pleine jusques aux bords
De vers harmonieux, poétiques trésors,