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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/108

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est doux, quand on suit une route inégale
Dans l’été, vers midi, chargé d’un lourd fardeau,
Et qu’on entend chanter près de soi la cigale,
De trouver un peu d’ombre avec un filet d’eau ;

Il est doux, en hiver, lorsque la froide pluie
Bat la vitre, d’avoir, auprès d’un feu flambant,
Un immense fauteuil gothique, où l’on appuie
Sa tête paresseuse en arrière tombant ;

II est doux de revoir avec ses tours minées
Par le temps, ses clochers et ses blanches maisons,
Ses toits rouges et bleus, ses hautes cheminées,
La ville où l’on passa ses premières saisons ;

II est doux pour le cœur de l’exilé malade,
Par le regret cuisant et la douleur usé,
D’entendre le refrain de la vieille ballade
Dont sa mère au berceau l’a jadis amusé :

Mais il est bien plus doux, éperdu, plein d’ivresse,
Sous un berceau de fleurs, d’entourer de ses bras
Pour la première fois sa première maîtresse,
Jeune fille aux yeux bruns qui tremble et ne veut pas.