Aller au contenu

Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Glasglatcha : son de la pluie dans
la pluie ; en anglais, spalsh.
Dictionnaire arabe.


Ce nuage est bien noir : — sur le ciel il se roule,
Comme sur les galets de la côte une houle.
L’ouragan l’éperonne, il s’avance à grands pas.
— À le voir ainsi fait, on dirait, n’est-ce pas ?
Un beau cheval arabe, à la crinière brune,
Qui court et fait voler les sables de la dune.
Je crois qu’il va pleuvoir : — la bise ouvre ses flancs,
Et par la déchirure il sort des éclairs blancs.
Rentrons. — Au bord des toits la frêle girouette
D’une minute à l’autre en grinçant pirouette ;
Le martinet, sentant l’orage, près du sol,
Afin de l’éviter, rabat son léger vol ;
— Des arbres du jardin les cimes tremblent toutes.
La pluie ! — Oh ! voyez donc comme les larges gouttes
Glissent de feuille en feuille et passent à travers
La tonnelle fleurie et les frais arceaux verts !
Des marches du perron en longues cascatelles,
Voyez comme l’eau tombe, et de blanches dentelles
Borde les frontons gris ! — Dans les chemins sablés,
Les ruisseaux en torrents subitement gonflés
Avec leurs flots boueux mêlés de coquillages
Entraînent sans pitié les fleurs et les feuillages.