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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/156

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II

Confort et far-niente ! — Toute une poésie
De calme et de bien-être, à donner fantaisie
De s’en aller là-bas être Flamand ; d’avoir
La pipe culottée et la cruche à fleurs peintes,
Le vidrecome large à tenir quatre pintes,
Comme en ont les buveurs de Brauwer, et le soir
Près du poêle qui siffle et qui détonne, au centre
D’un brouillard de tabac, les deux mains sur le ventre,
Suivre une idée en l’air, dormir ou digérer,
Chanter un vieux refrain, porter quelque rasade,
Au fond d’un de ces chauds intérieurs, qu’Ostade
D’un jour si doux sait éclairer !

III

À vous faire oublier, à vous, peintre et poëte,
Ce pays enchanté dont la Mignon de Goethe,
Frileuse, se souvient, et parle à son Wilhem ;
Ce pays du soleil où les citrons mûrissent,
Où de nouveaux jasmins toujours s’épanouissent :
Naples pour Amsterdam, le Lorrain pour Berghem ;
À vous faire donner pour ces murs verts de mousses
Où Rembrandt, au milieu de ces ténèbres rousses,
Fait luire quelque Faust en son costume ancien,
Les beaux palais de marbre aux blanches colonnades,
Les femmes au teint brun, les molles sérénades,
Et tout l’azur vénitien !