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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/167

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XXIV
La flamme qui dormait s’éveille ; — Véronique
Sort du cercle, revêt une blanche tunique,
Une robe de pourpre, — au lieu du béguin noir
Qu’elle portait avant, sur sa tête elle place
Un chaperon d’hermine, et, prenant une glace,
S’y mire plusieurs fois et sourit de se voir.
La lune en ce moment, par une déchirure
De nuage, dardait sa clarté faible et pure ;
— La porte était ouverte, en sorte qu’on pouvait
Du dehors distinguer le dedans, et sans doute
Si quelqu’un à cette heure eût passé sur la route,
Il aurait pensé qu’il rêvait.


XXV
Véronique, du bout de sa baguette touche
Le matou qui lui lance un regard faux et louche,
Et se roule à ses pieds en faisant le gros dos ;
Tourne trois fois en rond, fait des signes mystiques,
Et prononce tout bas des mots cabalistiques :
— Spectacle à vous figer la moelle dans les os ! —
À la place du chat paraît un beau jeune homme,
Nez aquilin, front haut, moustache noire, comme
La jeune fille en voit dans ses songes d’amour.
— Avec son manteau rouge et son pourpoint de soie,
Sa dague de Tolède au pommeau qui chatoie,
Vraiment il était fait au tour !