Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/266

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Tombée du jour
1834



Le jour tombait, une pâle nuée
Du haut du ciel laissait nonchalamment,
Dans l’eau du fleuve à peine remuée,
Tremper les plis de son blanc vêtement.

La nuit parut, la nuit morne et sereine,
Portant le deuil de son frère le jour,
Et chaque étoile à son trône de reine,
En habits d’or, s’en vint faire sa cour.

On entendait pleurer les tourterelles
Et les enfants rêver dans leurs berceaux ;
C’était dans l’air comme un frôlement d’ailes,
Comme le bruit d’invisibles oiseaux.

Le ciel parlait à voix basse à la terre ;
Comme au vieux temps, ils parlaient en hébreu,
Et répétaient un acte du mystère ;
Je n’y compris qu’un seul mot, c’était : Dieu.