Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/347

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Le Belluaire ainsi gourmande son lion,
Et le lion fait trêve à sa rébellion.

Mais toi, sauvage amour, qui, la prunelle en flamme,
Rugis affreusement dans l’antre de mon âme,
Je n’ai pas de victime à promettre à ta faim,
Ni d’esclave chrétienne à te jeter demain ;
Tâche de t’apaiser, ou je m’en vais te clore
Dans un lieu plus profond et plus sinistre encore ;
A quoi bon te débattre et grincer et hurler ?
Le temps n’est pas venu de te démuseler.
En attendant le jour de revoir la lumière,
Silencieusement, à l’angle d’une pierre,
Ou contre les barreaux de ton noir souterrain,
Aiguise le tranchant de tes ongles d’airain.