Du haut de cette tour à grand’peine achevée,
Pourrais-je t’entrevoir, perspective rêvée,
Terre de Chanaan où tendait mon effort ?
Pourrai-je apercevoir la figure du monde,
Les astres dans le ciel accomplissant leur ronde,
Et les vaisseaux quittant et regagnant le port ?
Si mon clocher passait seulement de la tête
Les toits ou les tuyaux de la ville, ou le faîte
De ce donjon aigu qui du brouillard ressort ;
S’il était assez haut pour découvrir l’étoile
Que la colline bleue avec son dos me voile,
Le croissant qui s’écorne au toit de la maison ;
Pour voir, au ciel de smalt, les flottantes nuées,
Par le vent du matin mollement remuées,
Comme un troupeau de l’air secouer leur toison ;
Et la gloire, la gloire, astre et soleil de l’âme,
Dans un océan d’or, avec le globe en flamme,
Majestueusement monter à l’horizon !
Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/387
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