CAUCHEMAR
Les goules de l’abyme,
Attendant leur victime,
Ont faim :
Leur ongle ardent s’allonge,
Leur dent en espoir ronge
Ton sein.
vec ses nerfs rompus, une main écorchée,
Qui marche sans le corps dont elle est arrachée,
Crispe ses doigts crochus armés d’ongles de fer
Pour me saisir ; des feux pareils aux feux d’enfer
Se croisent devant moi ; dans l’ombre, des yeux fauves
Rayonnent ; des vautours, à cous rouges et chauves,
Battent mon front de l’aile en poussant des cris sourds ;
En vain pour me sauver je lève mes pieds lourds,
Des flots de plomb fondu subitement les baignent,
À des pointes d’acier ils se heurtent et saignent,
Meurtris et disloqués ; et mon dos cependant,
Ruisselant de sueur, frissonne au souffle ardent
De naseaux enflammés, de gueules haletantes :
Les voilà, les voilà ! dans mes chairs palpitantes
Je sens des becs d’oiseaux avides se plonger,
Fouiller profondément, jusqu’aux os me ronger,