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Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/58

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Sur votre main jamais votre front ne se pose,
Brûlant, chargé d’ennuis, ne pouvant soutenir
Le poids d’un douloureux et cruel souvenir ;
Votre cœur virginal en lui-même repose.

Avenir et présent, tout rit dans vos destins ;
Vous n’avez pas encore aimé sans être aimée,
Ni, retenant à peine une larme enflammée,
Épié d’un regard les aveux incertains.

Jeune fille, vos yeux ignorent l’insomnie ;
Une pensée ardente et qui revient toujours
Ne trouble pas vos nuits tristes comme vos jours ;
Votre vie en sa fleur n’a pas été ternie.

Ainsi qu’un ruisseau clair où se mirent les cieux,
Dont le cours lentement par les prés se déroule,
Votre existence pure et limpide s’écoule,
Heureuse d’un bonheur calme et silencieux.