EN PASSANT À VERGARA
ous avions avec nous une jeune Espagnole,
À l’allure hardie, à la toilette folle,
Au grand front éclatant comme un marbre poli,
Où la réflexion n’a jamais fait un pli,
Encadré de cheveux qui venaient en désordre
Sur un col satiné nonchalamment se tordre ;
Des sourcils de velours avec de grands yeux noirs
Renvoyant des éclairs comme un piège à miroirs ;
Un rire éblouissant, épanoui, sonore,
Belle fleur de gaîté qu’un seul mot fait éclore ;
Des dents de jeune loup, pures comme du lait,
Dont l’émail insolent sans trêve étincelait ;
Une taille cambrée en cavale andalouse ;
Des pieds mignons à rendre une reine jalouse ;
Et puis sur tout cela je ne sais quoi de fou,
Des mouvements d’oiseau dans les poses du cou,
De petits airs penchés, des tournures de hanches,
De certaines façons de porter ses mains blanches,
Comme dans les tableaux où le vieux Zurbaran,
Sous le nom d’une sainte, en habit sévillan,