Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/68

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Triste infirmier, je vois l’ossement sous la peau,
La coulisse en dedans et l’envers du rideau.
Ainsi je vis. — Comment la belle Muse antique,
Droite sous les longs plis de sa blanche tunique,
Avec ses cheveux noirs en deux flots déroulés,
Comme le firmament de fleurs d’or étoilés,
Sans se blesser la plante à ces tessons de verre,
Pourrait-elle descendre auprès de moi sur terre ?
Mais les belles toujours sont puissantes sur nous :
Les lions sur leurs pieds posent leurs mufles roux.
Ce que ne ferait pas la Muse aux grandes ailes,
La Vierge aonienne aux grâces éternelles,
Avec son doux baiser et la gloire pour prix,
Vous le faites, ô reine ! et dans mon cœur surpris
Je sens germer les vers, et toute réjouie
S’ouvrir comme une fleur la rime épanouie !