Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/126

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Mais souvent parmi l’herbe verte,
Fuyant les yeux, fuyant les doigts,
De silence et d’ombre couverte,
Une fleur vit au fond des bois.

Un papillon blanc qui voltige,
Un coup d’œil au hasard jeté,
Vous fait surprendre sur sa tige
La fleur dans sa simplicité,

Belle de sa parure agreste,
S’épanouissant au ciel bleu
Et versant son parfum modeste
Pour la solitude et pour Dieu.

Sans toucher à son pur calice
Qu’agite un frisson de pudeur,
Vous respirez avec délice
Son âme dans sa fraîche odeur :

Et tulipes au port superbe,
Camélias si cher payés,
Pour la petite fleur sous l’herbe,
En un instant, sont oubliés !